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Un feu d'origine inconnue

Dernière mise à jour : 4 août 2019



Lorsque je songe à certains des personnages féminins les plus emblématiques de l'univers Marvel dans sa version cinématographique, cela me rappelle un refrain de Blüe Oyster Cult : "A fire of unknown origin took my baby away".



De Capt'ain Marvel, à Jean Grey, en passant brièvement par Jane Foster à un moment de son histoire, un point commun relie ces héroïnes : elles finissent toutes par absorber malgré elles une énergie d'origine inconnue et cosmique qui leur donne un pouvoir quasi absolu, tant créateur que destructeur. Dépassant de loin tout ce que les mutants ou les "optimisés" peuvent développer... Energie recherchée ou contenue - comme pour Carol Danvers à qui l'on a effacé la mémoire et donné un entraînement intensif - par des individus extra-terrestres ou groupe rêvant de les maîtriser pour leur propre compte et soif de domination : les Elfes noirs, les Kree, les D'Bari...


Ces femmes sont à la base des êtres déjà exceptionnels par leur force de caractère, leurs dons ou intelligence. A tel point que Charles Xavier contrôle par sécurité l'esprit de Jean Grey depuis son enfance, tant son potentiel destructeur peut surgir à tout moment.


Si nous nous penchons sur la représentation inconsciente et symbolique de ces héroïnes, que pouvons-nous distinguer?


1/ La peur du féminin


On pourrait l'appeler la peur de l'archétype Kali - déesse de la mort et de la destruction, mais aussi de la création. Toute création entraînant de fait la mort future de la chose ou l'être créé.

Le feu du ciel est "donné" aux femmes alors que les hommes doivent le conquérir (ex : la quête des pierres d'infini par Thanos). C'est une puissance qui ne doit rien aux muscles mais qui dépasse de loin toute aptitude guerrière, aussi, elle apparaît comme extrêmement dangereuse pour ceux qui n'ont que cela pour dominer leur environnement.


Dans notre monde "réel", à défaut de cracher des boules de feu thermonucléaires, il me semble qu'il s'agirait de la peur de deux des visages du féminin définis par Jung :


* la Sibylle (capacités de type extra-sensoriel, de connexion profonde avec la nature, don de guérison ou de voyance.) Le regain d'intérêt actuel pour les sorcières ou shamanes - même modernes - est assez emblématique de cela, car malgré tout, quoique cet aspect du féminin entraîne le masculin sur un terrain mouvant et inconnu qui le mettra souvent à nu, il reste attirant par son mystère insondable.

* l'Amazone, ou la femme de tête, indépendante, conquérante, stratèges, capitaine d'industrie ou rebelle qui a appris à ne compter que sur elle-même et jamais sur les hommes, qui ne peuvent donc "se l'approprier", se conduire en maître ou patriarche avec elle. Toutefois, Ce sont souvent les femmes ou mères de type amazone qui sont également des "faiseuses de rois" et constituent de fait des voies d'accession au pouvoir ou à la renommée pour quelques fils, maris ou amants. De Fulvia Bambula à Louise de Savoie, l'Histoire aurait eu un visage différent sans leur action profonde sur leur entourage. Elles sont redoutées et s'attirent beaucoup d'ennemis.


2/ Le réveil de la Force


Effleurons ici les derniers nés de la saga Star Wars - mythe moderne qui aura marqué profondément plusieurs générations.

Là aussi, il s'agit d'une force qui est partout, et qui demande à être reconnue, maîtrisée, assimilée.

La jeune Rey devra elle aussi se confronter au côté obscur et destructeur de cette force qui tente de l'absorber. Toutefois, il semble que de légères différences transparaissent par rapport aux anciens Jedis : c'est un peu comme si, plutôt que de se battre absolument contre lui, elle cherchera davantage à le comprendre et le sublimer, d'où sa volonté incessante de ramener Kylo Ren du bon côté. Ce qui est plus proche d'un processus d'individuation où l'ombre n'est pas repoussée à tout prix mais que l'on reconnaît comme faisant partie de soi afin qu'elle ne nous dévore plus...

Pour Jean Grey, c'est un processus d'une violence incroyable et douloureux, tant pour elle-même que son entourage.

Pour Cap'tain Marvel, c'est la recherche de sa véritable identité et la reconstitution de sa mémoire littéralement "mise sous clé", qui n'en fera plus un instrument aux mains de ses maîtres et ravisseurs extraterrestres.


Dans notre monde, et notre quotidien, que voyons-nous apparaître? Des petits bouts de femmes de 13 ans qui viennent se confronter avec de vieux politicards. Des femmes qui refusent de plus en plus d'être les faire-valoir ou les victimes silencieuses d'un système fait par et pour les hommes en grande majorité. De traditions culturelles ou familiales qui les ont toujours considérés comme de simples objets de conquête, de plaisir, de procréation. Des femmes qui prennent en main leur propre destin ou celui de la planète à bras le corps et le coeur.

Quelque chose qui n'a rien à voir avec de futurs modes de consommation, comme ces fausses révolutions du féminin des générations précédentes qui n'avaient que pour but de trouver de nouveaux marchés avec des millions de clientes et de votantes.


Oui, quelque chose pousse par en-dessous. Un courant inconscient puissant et potentiellement ravageur.

Espérons qu'il soit suffisamment équilibré pour ne pas tout dévaster sur son passage, avec ces millénaires de frustration, d'injustice et de larmes, pour se transformer lui aussi en bourreau.


Qu'il n'oublie pas, comme le disait si bien Isaac Asimov par le biais de son personnage Salvor Hardin, que la violence est le dernier refuge de l'incompétence. Que la vengeance est une vendetta sans fin qui ne change rien.


Alors si un feu d'origine inconnu traverse actuellement le pôle féminin de cette planète, je le souhaite fécond, sublime, puissant et doux à la fois. Car aucune stabilité ne peut se créer sans le parfait ajustement des opposés. Aucune rédemption, aucune régénération du genre humain ne peut avoir lieu sans leur réconciliation...





CK



MaJ : Et si ce feu d'origine inconnue n'était que l'appel du futur ?







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